Chassepot 1860
Le fusil modèle 1866, dit « Chassepot »
Le fusil modèle 1866, dit « Chassepot », est le premier fusil réglementaire à chargement par la culasse de l’armée française.
La cartouche retenue pour le Chassepot présente plusieurs nouveautés : un calibre réduit à 11 mm (ce qui correspond au diamètre de la cartouche) et une amorce au fulminate de mercure placée en position centrale, à l’arrière de la cartouche. La percussion de cette amorce provoque l’inflammation de la poudre qui propulse la balle. L’enveloppe de la cartouche est encore en papier paraffiné, l’étui métallique étant jugé trop coûteux pour un usage militaire.
Elle contient une balle en plomb et une charge de poudre noire qui produit beaucoup de fumée au moment du tir. Le fusil mesure 1,31 m et pèse 4,1 kg. Armé de son sabre-baïonnette, il atteint 1,88 m et pèse 4,7 kg. Le chargement de l’arme ne se fait plus par la bouche du canon mais par la culasse. Le tireur actionne manuellement la culasse entre chaque tir. L’ouverture de la boîte de culasse nécessite deux gestes consécutifs de la part du tireur ; ceci ne correspond pas à une contrainte technique mais répond au souci du commandement d’éviter une trop grande cadence de tir qui se traduirait par une surconsommation de munitions.
Le soldat place la cartouche dans le canon et verrouille la culasse avant de tirer (d’où le nom de « fusil à verrou » donné aussi à ces modèles). En appuyant sur la queue détente, le percuteur à aiguille situé dans la culasse vient transpercer l’amorce qui déclenche le tir. Le nouveau système permet une cadence de tir élevée de 7 à 8 coups/mn.
Le chargement par la culasse peut s’effectuer accroupi ou couché, ce qui améliore la protection du soldat par rapport aux armes précédentes qui nécessitaient d’être debout pour le chargement du fusil par la bouche. Les modes de combat changent (il est maintenant possible d’intervenir plus facilement en agglomération, en chargeant dans une habitation par exemple).
UNE CARTOUCHE IGNIFUGEE POUR LE FUSIL CHASSEPOT
UN PEU D’HISTOIRE.
Tous les amateurs d’armes anciennes connaissent le fusil Chassepot. Les collectionneurs et les tireurs à l’arme ancienne en possèdent bien souvent un exemplaire dans leur panoplie, accroché au mur à l’entrée de leur salon ou précieusement gardé dans leur coffre de sécurité. On rencontre le Chassepot de temps en temps sur un stand de tir où il attire toujours les regards curieux et suscite bien des questions. Il est légendaire notre Chassepot et ceci à plus d’un titre.
Première arme réglementaire française à chargement par la culasse, notre vénérable fusil Mle 1866 appelé plus communément Chassepot du nom de son inventeur, autorisait pour la première fois le tir continu et le rechargement en position couché. Plus besoin de bourrer le canon, la baguette de chargement devenait inutile pour cette opération. Tous les composants de la cartouche amorce, poudre et projectile sont à présent assemblés dans un même étui de papier. Cette cartouche, dite combustible, est prête à l’emploi et directement introduite dans la chambre de l’arme à l’arrière du canon. La culasse mobile manœuvrée grâce à un levier, vient fermer l’arrière de la chambre et se verrouiller solidement sur le boîtier de culasse. L’arme est chargée. Il s’agit là d’un progrès énorme par rapport aux anciens systèmes à chargement par la bouche à l’aide de la baguette !
Globalement, ce fusil a donné satisfaction et le fonctionnement mécanique est parfait. Les ennuis rencontrés proviennent de la cartouche en papier et de l’encrassement qu’elle génère ! Lorsque le percuteur est encloué sur l’amorce gênant ou interdisant le retrait du chien vers l’arrière en position « armé », lorsqu’ il devient impossible après quelques coups tirés d’introduire une cartouche dans la chambre encrassée et de fermer la culasse, on peut aisément imaginer l’angoisse du soldat qui se retrouve impuissant au beau milieu d’une bataille ! Il ne lui restait plus alors qu’à nettoyer et peut-être même à démonter complètement la culasse de son arme et le moment était plutôt mal choisi…
Le fusil Chassepot est cependant un témoin et un acteur direct d’une page bien douloureuse de notre histoire nationale et à ce titre il mérite tout notre respect.
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT.
Lors du conflit de 1870, les deux principales armes d’infanterie utilisées par les Nations belligérantes étaient le fusil Dreyse pour la Prusse et le fusil Chassepot pour la France. Si ces armes sont toutes deux à chargement par la culasse, leur principe de fonctionnement est cependant très différent.
Fusil Dreyse :
De conception déjà ancienne le fusil Dreyse Mle 1841 était lors de sa mise en service réellement en avance sur ses concurrents. Il est à l’origine de l’adoption précipitée par la France en 1866 de la technique du chargement par la culasse, après la constatation que tout notre armement portatif à chargement par la bouche était devenu obsolète…Il avait fallu la victoire écrasante de la Prusse sur l’Autriche à Sadowa pour s’en convaincre !
Sur le fusil Dreyse, la mise à feu de la cartouche s’effectue au moyen d’une longue aiguille, traversant toute la charge de poudre de la cartouche avant de venir frapper l’amorce fixée à la base du sabot du projectile. La mise à feu s’effectue donc « en tête » de la charge de poudre, directement sous le projectile.
Le système retenu sur cette arme afin d’éviter les fuites de gaz vers la face du tireur au départ du coup est basé me semble-t-il sur l’élasticité ( ?) du métal. En effet, lors de l’explosion de la charge de poudre, la pression des gaz provoque une très légère dilatation de la tranche postérieure conique de la chambre, qui vient se plaquer dans un logement correspondant parfaitement usiné dans la tête de la culasse. L’étanchéité est ainsi théoriquement assurée mais ce système est imparfait et de dangereux crachements peuvent tout de même se produire hors de la chambre.
Fusil Chassepot :
Le fusil Chassepot bénéficie dès sa création de tous les avantages des derniers progrès réalisés dans les domaines de la métallurgie et de la balistique. Les caractéristiques du canon de la carabine de Vincennes Mle 1865 vont servir de modèle et être adaptées au nouveau fusil à chargement par la culasse.
Avec la réduction du calibre à 11mm, la balistique est excellente et bien supérieure à celle du fusil Dreyse.
Le système assurant l’étanchéité entre la chambre et la culasse du fusil est à cette époque révolutionnaire et pour la première fois une matière autre que le métal et le bois est utilisée pour la fabrication d’une arme. Cette matière c’est le caoutchouc.
L’étanchéité est obtenue en utilisant la remarquable élasticité du caoutchouc à la déformation et à sa faculté de retrouver sa forme initiale dès que cessent de s’appliquer les forces qui ont provoqué cette déformation. De quoi s’agit-il exactement ?
La tête mobile de la culasse est équipée d’une rondelle en caoutchouc de 10mm d’épaisseur. Cette rondelle est placée entre deux surfaces planes, à l’arrière la tranche fixe de la culasse et à l’avant la tranche de la tête mobile de la culasse. Ce dispositif est appelé obturateur. Lors de la fermeture de la culasse, la tête mobile équipée de l’obturateur est complètement introduite à l’intérieur de la chambre.
Au départ du coup, sous la poussée des gaz, la tête mobile recule comprimant ainsi l’obturateur en caoutchouc contre la surface fixe de la culasse. Bloqué à l’arrière, l’obturateur ne peut reculer et son diamètre va donc augmenter jusqu’à venir au contact de la paroi intérieure de la chambre, assurant ainsi une étanchéité parfaite.
Après le départ du coup, lorsque cesse la pression des gaz, l’obturateur reprend sa forme initiale grâce à son élasticité et repousse la tête mobile vers l’avant. Le chien tiré en arrière et accroché en position « armé », la culasse peut alors être ouverte par rotation d’1/4 de tour à gauche du levier de culasse.
Le système est mécaniquement parfait et aucune fuite ne peut se produire tant que l’obturateur et le mécanisme sont en bon état de fonctionnement.
Principe de fonctionnement de l’obturateur en caoutchouc
Les différentes pièces facilement démontables constituant la culasse mobile du Chassepot.
TRACE DE LA CARTOUCHE MILITAIRE D’ORIGINE.
Publié avec l’aimable autorisation de Monsieur Daniel GILBERTI et du site : histavia21.net
Cette cartouche devait pouvoir être fabriquée dans les corps de troupe par les soldats eux-mêmes en cas de besoin …Notez tout de même la complexité de cet assemblage !
Un tracé d’époque de la munition réglementaire du Chassepot.
La cartouche Chassepot d’époque.
MESURES DE PRECAUTION.
Avant d’utiliser un fusil chassepot, il est sage de prendre quelques précautions.
Il est absolument nécessaire de contrôler l’état de l’obturateur en caoutchouc. S’il est d’origine, il est impératif de le remplacer, car il a dans ce cas perdu toute son élasticité. Il est fendillé et durci. Il va céder au premier coup tiré et ceci est très dangereux.
S’il a été remplacé par l’ancien propriétaire du fusil, contrôler son épaisseur (10mm) et son diamètre extérieur (18mm), ainsi que sa souplesse. Dans le doute, mieux vaut le remplacer par un obturateur neuf.
Si l’obturateur est absent, il faut bien évidemment en trouver un ou en fabriquer un au côtes indiquées ci-dessus.
Il est obligatoire de monter un obturateur en bon état tant pour la sécurité au tir que pour déterminer les dimensions de notre future cartouche.
A l’issue du tir, l’obturateur sera enlevé de la culasse et soigneusement nettoyé à l’eau savonneuse puis rincé et séché. L’obturateur ne doit pas rester en place sur l’arme lorsque celle-ci est stockée. Le contact avec l’huile peut provoquer un collage de l’obturateur dans la chambre rendant impossible l’ouverture de la culasse.
L’obturateur d’origine en caoutchouc (à droite) est craquelé il faudra le remplacer !
Veillons au grain.
Le grain est une pièce vissée dans le cylindre de la culasse mobile qui sépare l’intérieur du cylindre en deux compartiments. A l’avant du grain on trouve le logement de l’axe de la tête mobile et à l’arrière, le logement du ressort de l’aiguille avec son support et la tige guide se terminant par le « té » de fixation.
Le grain est percé d’un trou permettant juste le passage de l’aiguille. Le diamètre du trou du grain ne doit pas être excessif. Si l’encrassement dû au tir parvient en passant par le trou du grain à venir se déposer massivement dans le compartiment du ressort du chien, c’est que son diamètre est devenu trop important. Les gaz peuvent alors dans certains cas repousser violemment le chien en arrière et occasionner la rupture du « té », ce qui est très dangereux, puisque le chien alors désolidarisé de la culasse peut être projeté vers la face du tireur. Un autre point important à vérifier également est le diamètre du trou central de la tête mobile qui lui non plus ne doit pas être excessif
Le grain laisse passer l’aiguille (document ADF).
Il faut retenir de tout ceci que normalement les gaz ne doivent pas pénétrer dans le compartiment arrière du cylindre de la culasse mobile. Compte tenu du principe de fonctionnement, ceci est en partie réalisable sous réserve que le grain soit en excellent état et que l’aiguille soit au bon diamètre. Si tel n’est pas le cas il y a lieu de remplacer les pièces défectueuses…ce qui n’est pas évident sauf pour ce qui concerne l’aiguille!
Afin de limiter encore le passage de l’encrassement par le grain, il est possible de placer une petite rondelle de caoutchouc derrière la tête mobile. Cette rondelle découpée à l’emporte pièce de 8mm dans un morceau de chambre à air est percée en son centre pour laisser le passage de l’aiguille.
Nous constatons que la vérification de l’état de la culasse avant de procéder au premier tir avec cette arme doit être effectuée avec le plus grand soin.
Pour notre sécurité, veillons au grain !!
Il est également conseillé de ne jamais aller jusqu’à l’encrassement total de la culasse qui peut occasionner le grippage ou la rupture de l’aiguille. Si celle-ci reste coincée dans la tête mobile, elle peut provoquer une mise à feu de la cartouche avant le verrouillage de la culasse avec les effets que l’on imagine…Prenons le temps d’observer l’extrémité de la tête mobile entre chaque tir et de nous assurer qu’elle tourne librement sur son axe.